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12 janv. 2012

Evaluations cognitives dans le sport


LE STRESS SUR LE SPORT

  L’activité physique régulière est bonne pour le corps, c’est bien connu. Elle permet d’augmenter sa force, de galber sa silhouette (après de longs et douloureux efforts accompagnés d’une alimentation saine et équilibrée),  et d’ainsi prévenir de douleurs articulatoires. Elle a encore tout un panel de bienfaits, comme aider à la fixation du calcium sur les os, augmenter la puissance du cœur, qui est, ne l’oublions pas, un muscle lui aussi.
   Mais le sport n’a pas seulement des bienfaits sur notre corps : il agit aussi sur notre esprit. On remarque ainsi que les sportifs (de haut-niveau, ou juste « de santé ») développent en général  une plus grande confiance en eux, un bien-être psychique, et d’un point de vue social, s’intègreraient mieux. Le sport agit même comme antidépresseur, et pourrait aider à guérir le stress (voir article sur le sport dans les différents moyens d’évacuer le stress).
  Mais serait-il possible que la réciproque soit vraie, et que le stress influence les capacités sportives ?



  En fait, tout dépend de la conception de l’individu.
Etudions le cas de Martin, lycéen de 15 ans qui pratique le football en club. Ce dimanche, il dispute un match contre l'équipe de son championnat qui est classée deuxième (alors que lui est dernier, et n'a aucune chance de remonter : il sera forcément relégué une division plus bas). Inconsciemment, il va se poser la question fatidique : « suis-je capable de gagner ce match ? ». On parle ici d’évaluation cognitive. Cette évaluation, le plus souvent faite inconsciemment, consiste à évaluer nos capacités à surmonter ce qui se dresse devant nous, puis l'importance qu'on met dans le fait de réussir (on pense à tout ce qui rentre en compte si, par exemple, on échoue, à toutes les conséquences que ça pourrait avoir, mais aussi à ce qu'il se passerait si on gagne -d'où le fait que le stress peut être une motivation-).

   Comme son équipe est confrontée à des joueurs normalement meilleurs, Martin doute de leur capacité à battre leurs adversaires. Néanmoins, comme ce match aura peu d’impact dans leur classement, qu’ils le gagnent ou qu’ils le perdent, Martin n’a pas de pression de ce côté-là (même si sa fierté serait grandement contentée s’ils gagnaient).  Ainsi, son seul stress sera de savoir s’il peut gagner : comme il voit ce match comme un défi (en sachant que son super rival super bon et super fort fait partie de l'équipe adverse), son stress lui sera favorable et lui servira de motivation, c’est un stress aigu (voir article sur les différents types de stress).

Ce schéma (dit du U inversé) correspond à loi Yerkes & Dobson, qui met en avant la relation entre le niveau de stress de l’individu et les performances sportives (comme intellectuelles, ne l'oublions pas).
Il représente les effets positifs et négatifs du stress en fonction de son intensité. En effet, au début, la courbe est croissante : le stress accroît les capacités de l'individu, puis il atteint son apogée : c'est le stress aigu. Seulement voilà, une fois qu'il a atteint son maximum, il ne peut que redescendre : les capacités ne seront donc plus aidées du stress, et l'individu va même finir par être bridé et donner de moins bons résultats que s'il n'avait pas de stress : c'est le stress chronique.
Dans notre exemple, Martin est clairement dans la première phase.


a Prenons maintenant Vivien, membre de l’équipe adverse. Lui se sait totalement capable de battre Martin et ses camarades, et en plus, s’il gagne ce match, son équipe se place en tête du classement. Il dispute ainsi un match facile, qui lui rapporte gros : il devrait être confiant, mais il ne l’est pas.



Ici, on retrouve le même schéma que plus haut, celui de l'évaluation cognitive. Seulement voilà, à cause de son stress chronique, chaque petit stress qui s'ajoute à la vie de Vivien devient un poids d'autant plus grand. Ainsi, son évaluation cognitive est complètement faussée, et Vivien stressera beaucoup plus qu'il ne le devrait.

 En fait, il est en pleine phase de stress chronique. Ses parents lui mettent la pression : ils ne lui permettent de jouer au foot uniquement s’il a des résultats scolaires suffisants pour rentrer en prépa. Il a aussi des problèmes d’intégration au lycée. Ainsi, il a vu de jour en jour ses capacités intellectuelles comme sportives se détériorer (voir article sur les conséquences du stress sur l’individu), et il n’arrive même plus à les évaluer : il a beau baisser ses attentes à chaque fois, il est constamment déçu par les résultats qu’il obtient, ce qui rajoute encore à son stress. En plus de ça, son entraineur, qu’il déçoit aussi, risque de le retirer de l’équipe titulaire.
  A cause de ce stress permanent, Vivien ne sera pas au sommet de sa forme, dimanche. Il disputera son match, mais risque de ne pas être à la hauteur…

a Voici maintenant Romain, de la même équipe que Vivien. Il fait donc partie de ceux qui vont disputer un match facile qui leur rapportera beaucoup, et son évaluation cognitive l’amènera à la conclusion que stresser n’est pas nécessaire. Confiant, peut être même un peu trop, il risque de ne pas être assez vigilant et d’être un peu trop détaché lors du match. Voici donc là la conséquence d’une absence de stress lors d’évènements signifiants ! 

  Le sport est donc totalement représentatif des effets du stress sur l’homme. S’il est aigu, et donc ‘booster’, il aura un effet positif. Cependant, s’il est trop grand ou chronique, il aura des effets néfastes sur la santé et la réussite de l’individu.

Mais nous l'avons vu, ce stress repose sur une peur subjective ou objective des risques que nous encourons. C'est pourquoi l'article suivant nous éclairera sur ce qui dans notre cerveau nous plonge dans cette situation de tension, avec Patrice, mis en situation de danger.